Retour sur la Fashion Week féminine automne-hiver 2023-24 avec deux défilés coups de coeur, Pierre Cardin et Issey Miyake

Retour sur la Fashion Week féminine automne-hiver 2023-24 avec deux défilés coups de coeur, Pierre Cardin et Issey Miyake

106 maisons ont présenté à Paris, du 27 février au 7 mars 2023, leur collection féminine automne-hiver 2023-24. Deux d’entre elles ont retenu notre attention : Pierre Cardin et Issey Miyake

Pour prolonger le plaisir des yeux de cette semaine féminine du prêt-à-porter automne-hiver 2023-24, voici deux coups de cœur : la marque française Pierre Cardin et la japonaise Issey Miyake.

Pierre Cardin dans la continuité mais tourné vers l’avenir

Pierre Cardin présentait sa première collection en 1953. 70 ans plus tard, la maison réintègre le calendrier de la Fashion Week. « La maison n’avait pas défilé officiellement dans le cadre de la Fédération de la haute couture et de la mode depuis 25 ans car Pierre Cardin voulait être libre. Quand ses créations arrivaient à terme, il faisait un évènement », nous avait indiqué Rodrigo Basilicati-Cardin, en janvier 2023 lors d’une longue interview accordée à Franceinfo Culture. Le président de la maison ajoutait : « la Fédération a une diffusion médiatique d’un demi milliard de contacts, c’est énorme. Il faut donc profiter de ce moment de partage. N’oublions pas que la mode parisienne est un des quatre événements les plus vus dans le monde chaque année ».

Le défilé d’une soixantaine de modèles s’est tenu, le 5 mars, dans la boutique historique du 59, faubourg Saint-Honoré qui avait été ouverte en 1966. Le lendemain du show, la mairie du 8e arrondissement a posé une plaque commémorative indiquant que Pierre Cardin y a travaillé. Outre la réouverture de ce flagship, la maison a annoncé la mise en ligne de la plateforme Palais Cardin, nouvelle boutique de luxe virtuelle.

Sur le podium, les silhouettes, futuristes et sculpturales, poursuivent le style et les codes qui ont fait le succès du couturier mais Rodrigo Basilicati-Cardin, sensible aux enjeux environnementaux du développement durable, s’inscrit aussi dans une approche éco-responsable de la maison par l’utilisation de tissus recyclés ou dormants.

Epure et modernité sont les maîtres mots de cette collection qui reprend l’ADN maison mais avec une approche plus actuelle dans une palette toujours très colorée. Le show débute par une silhouette très tonique : pantalon en tweed gris/olive porté avec un bustier/bandeau en cuir noir et une longue écharpe en tweed de la même tonalité gansée de cuir qui plaira à la jeune génération.

Les inconditionnelles retrouvent, quant à elles, les robes courtes, trois trous, toujours très colorées, et les robes avec des inserts de cuir comme cette robe-cape violette, longueur au-dessus du genou, avec un insert géométrique en cuir argent. On s’attarde aussi sur un joli manteau en fausse fourrure orange doublé de cuir doré qui a beaucoup de panache… Et surprise dans le show, le passage d’enfants en pantalon et débardeur colorés tagués du logo maison. Au final, Rodrigo Basilicati-Cardin est venu saluer accompagné des trois autres collaborateurs du studio de création.

Issey Miyake imagine à partir du carré une nouvelle féminité

La maison japonaise Issey Miyake a dessiné avec sa collection The Square and Beyond une nouvelle féminité à partir du carré transformé en des volumes saisissants lors de son défilé prêt-à-porter, qui s’est tenu le 3 mars dans le cadre majestueux du théâtre du Châtelet à Paris.

Cette saison, contrairement à l’accoutumée, pas de spectacle, ni de performance dansée mais un show qui a donné la part belle à la musique avec des marimbas (sorte de xylophones) joués par l’ensemble de percussions Trio SR9 . Les mannequins ont évolué autour des instruments, installés au centre de la scène, suivant les chemins tracés par la lumière sur fond de théâtre vide. Très pratiques, des miroirs accrochés en hauteur démultipliaient l’espace et permettaient d’avoir une autre vision du show.

Poursuivant l’exploration des formes géométriques, le styliste Satoshi Kondo a joué avec le carré associé à « une toile de peintre, une partition de musique, un morceau de tissu », en le sortant de son cadre pour créer des formes nouvelles.

Ces créations réalisées avec des matières souples et extensibles ont un minimum de couture ou allient différentes techniques de tricot. Les volumes sont présents, comme d’habitude dans la tradition japonaise du « ma », espace non rempli entre le vêtement et le corps.

Des touches de couleurs vives – orange, jaune, violet ou corail – sont présentes mais une bonne partie de la collection est en noir et blanc comme cette robe asymétrique à l’épaule qui allie structures tricotées et carrés tissés. Faisant écho au thème du carré, le motif tartan, peu employé par cette maison japonaise, se déploie sur une veste et un manteau, tous deux réversibles. A noter également une série de maille sans couture aux formes irrégulières rendues possibles grâce à différentes techniques de tricot : l’avant et l’arrière des pièces sont tricotés dans différentes directions, alors les mailles se tirent et se repoussent mutuellement, créant une forme torsadée. Les chaussures sont plates et sur les têtes des turbans, des chapeaux aux bords tombants, en passant par une cagoule-casquette.